La Tour des Prisons est située au cœur du centre historique de la ville de Lunel. Accotée à l'Office du Tourisme du Pays Lunellois, elle fut érigée au 11ème siècle pour assurer la défense de la Porte Notre Dame qui la jouxte. Elle fut ensuite, durant les guerres de religions, transformée en prison, fonction qu'elle occupera jusqu'en 1917. Le Musée de la Tour des Prisons, dont l'entrée se fait par l'Office du Tourisme, vous propose une visite tout à fait insolite, réellement émouvante et peut-être un peu angoissante, de ce lieu d'enfermement devenu lieu de mémoire. Dans la pénombre, lampe torche à la main, vous y découvrirez plus de 300 inscriptions, témoignages troublants du passage éphémère des prisonniers en ces murs durant 4 siècles…
Visite de la Tour des Prison
Haute de 16m, cette ancienne tour seigneuriale constituait au 11ème et 12ème siècle un bâtiment défensif de la ville, assurant le contrôle de la Porte Notre-Dame. Au 16ème siècle, durant les Guerres de Religions, elle sera transformée en prison et occupera cette fonction jusqu'en 1917 ! Au fil des siècles, elle fût englobée dans le bâti urbain, s'entourant d'un côté, de la Maison du Viguier (représentant du Roi) à la belle façade renaissance méridionale et de l'autre, des anciennes Halles aux poissons (Aujourd'hui, l'Office de Tourisme).
La Tour des Prisons comprend une cellule en rez-de-chaussée (l'accès se fait par l'Office du Tourisme), deux cachots au premier étage (on y trouve le plus grand nombre d'inscriptions), un niveau intermédiaire présentant un chemin de ronde et des salles intermédiaires, enfin un dernier étage aménagé en salle de garde puis devenue "salle des passagers", prisonniers transférés de Montpellier à Nîmes.
Plus de 300 inscriptions, autant de témoignages émouvants
Lampe torche à la main (vous l'aurez récupérée à l'accueil de l'Office de Tourisme), entrez dans la pénombre : scénographie soignée et fond sonore égrainant les paroles de prisonniers vous immergent dans le quotidien des détenus de la Tour des prisons !
Pour les voir, il faut jouer avec la lumière rasante de la torche : messages, graffitis, signes religieux, dessins, cœurs et soleils gravés… Ce sont plus de 300 signes de leur passage (dont 210 dans les 2 cachots du premier étage) qu'ont laissés ici les infortunés qui durent séjourner en ces lieux : écrits ou dessinés à la sanguine ou à la mine de plomb, gravés à l'aide d'objets métalliques et pointus, incisés dans l'épaisseur du mortier ...
Les plus anciens, gravés dans la pierre, représentent majoritairement des signes religieux : croix latines, grecques, globes crucifères, calvaires, ostensoirs… Des prières ont aussi été gravées. Ceux dessinés à la mine de plomb datent d'après 1892. Une dizaine d'inscriptions clament l'injustice, témoignent de la souffrance (« Offre-moi le repos ») ou adressent des messages personnels. A l'instar de celui d'un certain Achille, qui écrit : « selui qui paserat ici et que sortirat libre irat chez madame le Pordel lui donne le bonjour de Achille ». Les dessins, variés, représentent des portraits et profils, des motifs géométriques, des cœurs, des croix, des oiseaux, des silhouettes, voire des dessins à caractères pornographiques…
Les prisonniers gardés ici étaient des personnes condamnées à de courtes peines (de 1 semaine à 2 mois) pour des motifs variés : vagabondage, défaut de papiers, escroquerie, dettes, prostitution clandestine, outrage à la pudeur... Ceux gardés dans l'ancienne salle de garde étaient en transit entre Montpellier et Nîmes.
Exposition d'objets usuels retrouvés dans les latrines
Outre les superbes portes restaurées et la cheminée de la salle des gardes, de nombreux objets usuels ont été retrouvés durant les fouilles. Ces objets, principalement récupérés dans les latrines de la prison, témoigne de la vie quotidienne des prisonniers. Certains d'entre eux sont exposés dans des vitrines dans la salle des gardes : jetons, billes, coupures de journaux, chaussures (plus de 100 ont été retrouvées !), pipes en terre cuite ou en bois, encriers, dés, ciseaux, boutons… Tombés des poches ou perdus lors d'un transfert, tombés des mains, ou oubliés, ils sont autant traces personnelles et émouvantes des détenus passés dans la tour.
Ont également été retrouvés des verres, bouteilles, fioles, marmites, bols, pots, assiettes… reliquat des pauvres repas (soupe, pain et eau, rarement de la viande) distribués au prisonniers. Les restes de plats à base de viande (os de bœuf, mouton, poulet) étaient probablement ceux de gardiens.
Musée de la Tour des Prisons
Informations complémentaires :
Musée de la Tour des prisons, Lunel (Hérault).
16, cours Gabriel-Péri.
Horaires :
- Du lundi au samedi, de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h.
- Le dimanche, de 9 h à 13h.
Visite Gratuite.
Chaussures confortables conseillées.
Plus d’infos à l’office de tourisme : 04 67 71 01 37.